Depuis 50 ans, l'histoire de Mai 68 est racontée par des hommes, presque exclusivement : pouvoir politique, leaders étudiants, responsables syndicaux, ou encore commentateurs... Comme si les femmes n'avaient pas leur place dans cette histoire, n'y avaient été que des figurantes. Pourtant, et ce n'est pas un des moindres aspects de ces années, elles ont permis l'émergence d'un discours féministe moderne et structuré. Ce documentaire donne à entendre cette autre parole, étonnamment confisquée depuis, cet autre récit au féminin, comme un écho qui résonne aujourd'hui à l'heure où la place des femmes, leurs prises de parole, secoue toutes les structures de la société.

Avant mai 68, les jeunes femmes portaient jupes plissées et chaussettes, espérant la possibilité d’une autre vie comme celle d’endosser un autre rôle que celui d’une sage ménagère et mère nourricière. C’est ainsi que Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe et directrice de recherche émérite au CNRS, témoigne d’une époque où la révolte contre l’autoritarisme devenait nécessaire. Avec elle, d’anciennes militantes politiques, penseuses, interprètes ou comédiennes retracent l’engagement vers la libération qui a vu son expression à travers les mouvements étudiants et ouvriers.

Ce documentaire rappelle la chronologie et l’origine des événements mais souligne avant tout qu’il n’était pas question des femmes dans les slogans, sur les affiches, lors des assemblées générales. Les femmes, pourtant brillantes, actives et engagées dans cette mutation sociale, n’avaient ni visibilité ni accès à la parole. Ce n’est qu’à partir de 1970 que le mouvement de libération des femmes ouvre la voie à un milieu caractérisé par l’égalité entre toutes.

« Filles de mai » nous montre le passé et nous interroge sur le devenir des rapports humains et sociaux. Les images d’archives d’hier font écho à celles que nous vivons encore.

Par Karine de la bibliothèque de l'Orangerie du Parc culturel de Rentilly - Michel Chartier